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A l'occasion de sa réédition au "Serpent à plumes", en décembre 1997, ce livre a fait l'objet d'un court article dans le journal du Figaro : "le choix d'Eric Olllivier - l'Attila à quatre pattes d'Octave Mirbeau". Car il aurait été trop simple pour Mirbeau, bien trop quelconque et malaisant pour une belle et cruelle démonstration littéraire et quelque peu philosophique, de n'avoir fréquenté que quelques chats ronronnants et un chien ou deux à sa mémère qui lui auraient donné la patte sans même sourciller. Octave Mirbeau n'était pas pas de ces écrivains dont la plume ronronne et se prélasse. Il avait donc reçu un colis de sir Edward Herpett, un anglais de ses amis, original puisqu'il était anglais. Et dans cet envoi, l'écrivain français découvrit le petit d'une chienne sauvage australienne, un jeune "dingo", né à l'autre bout du monde entre chiens et loups. Il n'en fallait pas plus pour qu'en quelques quatre-cents page, Octave Mirbeau se lance avec ironie dans la véhémente mais néanmoins très littéraire démonstration du double axiome que si le chien naît misanthrope, son maître ne vaut souvent guère mieux ... Tel chien, tel maître ! "Dingo" est un roman d'Octave Mirbeau, paru en 1913 aux éditions "Eugène Fasquelle, Paris". C'est un roman qui commence comme l'aurait fait le meilleur des romans d'Octave Mirbeau et vient finalement se clore dans une deuxième et dernière partie longue et délayée qui semble même avoir lassé un vieil écrivain pourtant fatigué de tout. Il me vient toujours des sueurs froides d'avoir à chroniquer un livre de Mirbeau. Pourvu qu'il ne lise pas au dessus de mon épaule. Pourvu qu'il ne vienne pas dans mon sommeil fulminer et tempêter. Qu'on ne l'embête pas ! D'ailleurs la lettre de l'ami anglais se terminait aussi par cet avertissement : qu'on ne l'embête pas ! Car Dingo avait gardé de sa race de vieux réflexes d'assassins, ainsi qu'une méfiance contre le genre humain qui semblait défier l'ordre établi et tous les préjugés. Il y a dans ce livre une modernité inattendue lorsque Octave Mirbeau y envisage la défense de la biodiversité et la condamnation sans appel de la captivité animale où s'étiole tout être vivant, où il engage une véritable réflexion autour "des droits barbares que l'homme s'arroge sur l'animal". Il s'interroge, et questionne à son tour sur l'intelligence et le langage animal. Ce livre est prétexte, tout au moins dans sa première partie, à l'ironie et à l'insolence. C'est tout d'abord réjouissant. L'on y retrouve l'esprit fort d'Octave Mirbeau, ennemi de toutes les superstitions et croyances. L'écrivain s'est installé à "Ponteilles-en-Barcis", petit village imaginaire et calamiteux où Dingo va semer le trouble, pisser sur les glaïeuls et se rendre coupable de bien d'autres crimes ... La cruauté d'Octave Mirbeau a trouvé à Ponteilles-en-Barcis le terroir idéale pour y récolter assez d'histoires sordides. Il y a là quelques tristes anecdotes de misère sociale qui auraient pu se décliner sous la forme de nouvelles : "l'affaire Coquereux" un crime comme on en lit tous les jours dans "Le Petit Parisien", la déchéance de l'ami Piscot, la fuite de maître Anselme Joliton le notaire qui emporta toutes les économies du pays et la triste fin de la mère Jaulin. Octave Mirbeau a pénétré ici l'âme humaine par l'entremise des yeux de Dingo. Comme tout bon écrivain de l'entre-deux siècles, Octave Mirbeau a signé là son roman animalier. Fût-il resté Mirbeau s'il s'était contenté d'un simple chat ou d'un vulgaire corniaud ? Malheureusement, la dernière partie du roman est assez verbeuse, lisse et finalement assez ennuyeuse. Et l'épilogue, où pourtant l'écrivain a tenté d'instiller du drame, n'a pas réussi à rattraper l'intérêt qui déjà avait filé sans qu'aucun sifflet ne puisse le rappeler ...
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