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En parlant de tendresse, c'est toute celle de la plume de Robert Sabatier qui se retrouve dans ce joli texte. A chaque page du roman, la poésie le dispute à la nostalgie et les aventures d'Alain donnent envie de découvrir le Montmartre de ces années-là; quand les enfants jouaient encore à la marelle ou à la toupie dans les rues, pendant que les adultes se parlaient d'un côté à l'autre de la rue en se penchant par la fenêtre. Comme cette époque devait être délicieuse. Le talent de conteur de Sabatier se ressent également dans ses descriptions de l'enfance. Aucun écrivain n'arrive à décrire aussi bien que lui l'alternance entre les périodes d'exaltation et de désespoir par lesquelles un enfant de l'âge d'Alain, à l'aube de l'adolescence, peut ressentir. Mais loin de se concentrer uniquement sur les enfants, l'auteur nous parle également de la vie des adultes et des difficultés qu'eux aussi peuvent rencontrer dans leur vie de tous les jours. La mère d'Alain et son amant, Vincent (le nègre du titre) illustre bien le fait que les adultes doutent parfois autant que les enfants. Un beau moment de pur plaisir!
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Roman d'un regard sur une vie et ses choix, ses instants, pas toujours compris, pas toujours adaptés. Etre enfant au milieu d'une société de labeurs, de repères se façonnant sur les cicatrices d'un passé encore trop neuf pour être assimilé et transformé en règle de vie. Les regards des uns, les quolibets des autres et leur morgue construisent, échafaudent les fragilités d'une enfance un peu trop nourrie d'utopie et d'envie du normal des autres, ceux qui sont de l'autre rue, quoi.
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