Nombreux furent les rescapés de l'extermination nazie à se demander, au lendemain de la guerre, comment dire l'indicible. Anita Lasker-Wallfisch, devenue depuis une violoncelliste de renommée internationale, a préféré garder le silence pendant plus de cinquante ans. Aujourd'hui enfin, elle raconte - pour ses enfants et ses petits-enfants. Inoubliable et bouleversant. Arrêtée avec sa soeur Renate en 1942 à Breslau, après la déportation de ses parents, cette jeune fille issue d'une famille juive cultivée va connaître la prison, puis l'enfer des camps. D'Auschwitz à Bergen-Belsen, les deux sœurs sont séparées, puis réunies. Sauvées par les talents de musicienne d'Anita qui est intégrée par Alma Rosé - la nièce de Gustave Mahler - à l'orchestre du camp, c'est grâce à leur détermination, à leur ingénuité parfois, et aussi à quelques hasards qui tiennent du miracle, qu'elles échapperont à la mort. Des années de cauchemar, une famille anéantie, un drame dont Anita Lasker-Wallfisch témoignera en 1945 au procès de Lüneburg où seront jugés ses bourreaux. C'est avec une sobriété exemplaire et un souci de stricte exactitude que l'auteur retrace son terrible parcours. Récit d'une force et d'une justesse extraordinaires, contribution essentielle au devoir de mémoire et de transmission aux générations à venir, le livre d'Anita Lasker-Wallfisch continue de nous hanter longtemps après avoir été refermé.
C'est pour laisser des traces, aux siens d'abord, mais aux générations qui viendront, que la violoncelliste Anita Lasker-Wallfisch a écrit La vérité en héritage, un récit qui raconte en trois temps comment elle a vécu la guerre : avant, pendant et après Auschwitz. Dans un récit sobre, presque détaché, parce qu'il lui est douloureux de se souvenir, un récit entrecoupé de nombreuses lettres qu'elle, sa mère et sa soeur Renate ont envoyées à l'ainée des filles Lasker qui avait réussi à fuir en Angleterre, elle nous livre un témoignage qui éclaire un autre pan de l'Histoire, celui-ci exploité par Arthur Miller dans sa pièce Playing for time qui a été transposée à l'écran. C'est d'ailleurs à la suite de ce film qui est avant tout la vision de Fania Fénélon, une des musiciennes de l'Orchestre des femmes d'Auschwitz comme Anita, que celle-ci a décidé de transmettre sa propre perception des choses, quelque peu différente de celle de Fania. Les épisodes relatés par l'auteure révèlent une jeune femme décidée, qui ne perd jamais de vue ce qui l'attend, et qui reste chaque fois étonnée du cours des choses. Ainsi, celle qu'elle pensait être sa dernière heure ne le sera pas. La chance, un concours de circonstances, la phrase jetée inopinément en cours de conversation, tout cela a eu raison de ce qui aurait dû arriver et auquel elle a échappé, c'est-à-dire à la chambre à gaz. Cette phrase qui lui a sauvé la vie, c'est la réponse donnée par Anita à la question qu'on lui a posée à son arrivée au camp. Que faisait-elle avant? Avant la guerre, avant la prison, avant d'arriver à Auschwitz. « Je jouais du violoncelle. » Quatre mots. Il n'en fallut pas plus pour qu'Anita soit intégrée à l'orchestre que dirigeait Alma Rosé, la nièce de Gustav Mahler, dont on explique mal la mort sinon que par un possible empoisonnement par une des détenues. Cet orchestre, créé par la Polonaise Zofia Czajkowska, professeur de musique, sur ordre de la SS, regroupaient des musiciennes jouant de tous les instruments propres aux orchestres symphoniques mais aussi de tout autre instrument folklorique auquel Alma trouvait un usage afin d'épargner un maximum de femmes de la mort. C'est donc à un orchestre hétéroclite qu'a été intégrée la jeune Anita, un orchestre qui n'en avait pas moins ses règles, auxquelles on ne dérogeait pas. Cette discipline stricte à laquelle les musiciennes se plièrent leur sauva la vie en n'attirant pas le regard sur les moins fortes physiquement ou musicalement, ou les deux, celles-ci se trouvant constamment entourées plutôt que sur la sellette. C'est la musique qui a sauvé Anita Lasker-Wallfish. Elle ne pouvait, par la suite, que lui consacrer sa vie.
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