Fédération Wallonie-Bruxelles|

Un jour, chez moi, à Ankara, est passé un voyageur en route toujours plus vers l'est et en mal de livres. Je lui en ai donc passé un (très bon: Allah n'est pas obligé) et il s'est délesté de ce "Voyageur imprudent" qu'il avait terminé en échange. Non seulement je ne suis pas une grande adepte de la science fiction mais je ne connaissais rien ni de ce Barjavel ni de son oeuvre. J'ai découvert un auteur considéré comme classique dans ce genre et un livre tout à fait plaisant sur le thème du voyage dans le temps. Je l'ai parcouru aisément même si j'ai buté et été rebutée par des passages misogynes assez stupéfiants.
Consulter sur Babelio

Pierre Saint-Menoux est caporal d'échelon au cours de la seconde guerre mondiale. Par un concours de circonstances, il est accueilli chaleureusement chez un scientifique, Essaillon, et sa séduisante fille, Annette. Essaillon a mis au point une matière, la noëlite, qui permet de voyager dans le temps, passé ou futur. Saint-Menoux, qui est mathématicien, se montre séduit. Il essaye la machine, d'abord dans un futur proche, puis de plus en plus lointain, jusque vers 100 000 ans où il découvre une nouvelle humanité. Grisé par cette puissance formidable, il va en venir à commettre une imprudence, en modifiant le passé… Un thème de science-fiction classique - le voyage dans le temps - traité avec beaucoup d'intelligence. J'ai apprécié les descriptions minutieuses et réalistes, notamment des scènes de guerre au début. Barjavel dépeint, avec beaucoup de brio et d'imagination, dans une perspective ethnologique, l'humanité de l'an 100 000, ordonnée autour de la division des compétences. Il m'a semblé retrouver le même procédé que lors de la description du peuple des Bikuras par le père Hoyt dans « Les cantos d'Hypérion » de Dan Simmons. Le thème est là encore classique, mais très convaincant. J'attendais avec impatience le chapitre de l'imprudence du voyageur, afin de comprendre le titre. Je n'ai pas été déçue et j'ai tremblé pour Saint-Menoux. Le post-scriptum, écrit par Barjavel en 1958, alors qu'il a écrit le mot « fin » en 1942-1943, éclaire d'un jour nouveau le roman, nous introduisant à la dimension d'un paradoxe logique. A découvrir !
Consulter sur Babelio

Dans le voyageur imprudent, BarJavel fait voyager son personnage dans le temps. Ce jeune mathématicien nommé Pierre Saint- Menoux explore le futur où il découvre une humanité totalement déshumanisée puis il retourne dans le passé à l'époque du siège de Toulon.. Là, il décide de tuer Bonaparte qu'il considère comme un tyran mais un jeune soldat s'interpose et donne sa vie pour le futur empereur. Or, cet homme n'est autre que l'aïeul de Saint-Menoux. En mourant prématurément cet ancêtre ne peut pas avoir de descendance. Pierre Saint-Menoux ne peut donc pas exister et il s'efface dans le néant. Voir la citation suivante qui est un des moments le plus savoureux du roman.
Consulter sur Babelio