Notice complète
VERVIERS - Bibliothèque de Verviers |
VERVIERS |
M_PF CION |
1 |
oui |
700000015697X |
ANS - Bibliothèque Arsène Soreil |
ANS |
8-3 CIO |
1 |
oui |
4430100001900 |
ASSESSE - Bibliothèque communale |
ASSESSE |
850-3 CIO 14.09 C |
1 |
oui |
AS 63060 |
ANDERLECHT - Bibliothèque de l'Espace Maurice Carême |
ANDERLECHT |
8-3 CION 0900 |
1 |
oui |
02190010024 |
IXELLES - Bibliothèque communale francophone |
IXELLES |
8-3 CIO 1409 C |
1 |
oui |
02930303447 |
JETTE - Biblio Jette |
JETTE |
CION |
1 |
oui |
0101000911393 |
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Je viens de fermer ce merveilleux roman, « La corimande » . Il avait fait l'unanimité lors de sa sortie en Italie. Pour le reste, les avis critiques sont inexistants. « Marcella Cioni est née en Toscane en 1943 et vit à Bologne. Son premier roman, "La Corimante "a été unanimement salué par la presse » nous apprennent les éditions Métalié qui ont publié semble t'il son unique ouvrage. Dés le départ du récit, nous sommes bluffés par la beauté de l'écriture, les aplats d'ombre et de lumière, ces paysages incandescents du sud de l'Italie. Rapidement, la force du récit, celle des personnages, font exploser ce monde de silence et de secrets, où le temps semblait s'être arrêté. Et l'on pense au chef d'oeuvre « Le Guépard », écrit par Guiseppe Tomasi, prince de Lampedusa. « Il était une fois... » Je peux enfin raconter mon histoire, en la commençant par « Il était une fois » et recouvrir d'herbes folles chacun de mes pas parmi les roches de lave et de dolomites... Le point de vue , au niveau narratif, est donc celui de Ione, une jeune fille de 15 ans, confiée par sa grand-mère qui vit ses derniers jours, à une famille bourgeoise, bienveillante, et humaniste. Ione fait le récit de ses années passées, à l'écart d'un monde, en proie aux convulsions des années 30, commençant par ce trauma lié à la séparation. « Ma peau s'était hérissée d'orties, et mes dents avaient grincé de haine, quand j'avais hurlé que je ne voulais pas partir, et d'ailleurs je ne connaissais pas encore les herbes et les signes qui guérissent ! » Dans cette chronique de jours lumineux, puis sombres, la comédie prend parfois des accents de mythologie. Ione a t'elle hérité des secrets de sa grand-mère ? « Une chorimande », en patois Sarde, c'est une guérisseuse, celle dont les pouvoirs intrigues, sont recherchés, ou redoutés. Nous sommes dans l'Italie fasciste Mussolinienne, et si Ione ne sait rien de la politique, ni guère de choses sur la vie sociale, elle va rapidement se dégrossir, et révéler toute sa finesse, sa sensibilité au monde. Elle a de la chance. C'est un terreau formidable qui lui est offert, afin qu'elle s'épanouisse, comme ces orchidées devenant somptueuses, pourvu qu'on sache les nourrir . « Le professeur », homme entre deux âges, perdu dans le monde antique, et ses études de linguiste, s'aperçoit de sa grande intelligence, et va peu à peu l'éduquer, tout en étant étonné de ces étranges capacités. Ione s'aperçoit avec un certain malaise qu'elle est considérée comme une dame, elle qui voudrait rester dans l'ombre. Mais dans ce milieu bienveillant, on la respecte encore plus, depuis qu'elle s'occupe avec succès d'Ada, la petite fille autiste du professeur. Les progrès qu'Ada fait au contact de cette étrange gouvernante sont fulgurants. Ione, jeune élève brillante qui a été obligée d'interrompre ses études dés la classe élémentaire rattrape le temps perdu, fait son miel de toutes les conversations. Tout l'instruit. Et Brice et Nena, ces deux vieilles jumelles aimables, curieuses, et bavardes, ont vite fait de lui présenter toute l'histoire familiale, tout en cousant leur ouvrage. Elle évoquent les frasques de la mère du professeur, la baronne Maddalena absente, qui reviendra de son long périple, flanquée d'une domestique chinoise, et d'un chauffeur, au volant d'une voiture de maître. On pense à l'étrange apragmatisme, et à la folie amoureuse, des écrits de Marguerite Duras, et des liaisons scandaleuses et improbables, qu'elle évoque dans « l'amant », ou «Barrage contre le Pacifique. Quand à la femme du professeur, Anna, absente elle aussi , et qui s'est mariée déguisée en Minerve guerrière, on ne sait d'elle qu'elle est autant volage, et aventurière. Voilà le portrait de deux femmes modernes, semblables à ces garçonnes délurées et un peu folles qu'on rencontre dans les romans de Francis Scott Fitzgerald, mais qui détonnent étrangement, dans cette Italie solaire, pleine de tumulte et de silence, si catholique et pleine de lois non écrites. Ione est une éponge qui fait profit des longues conversations avec ce professeur lunaire, féru de grec, de latin, et de mythologie antique, la voyant comme une sorte de Parque. « Dès mes premiers moments en Sicile, j'appris que les dieux antiques étaient d'humeur capricieuse, et que les hommes capables de transmuer en poésie pure la peur, et sa soeur bâtarde la colère, étaient des sages. Les paroles du professeur, clôtures de barbelés d'or ou de fer rouillé qui entouraient le monde, m'apprirent beaucoup, sur le monde nouveau. Il nous lut d'autres livres, à Ada et moi, au fil des jours, et me livra son savoir. Il nous parla de Rolland, d'Armide, d'Enée le pieux. Et même de Dante descendu aux enfers qui devait sentir les broussailles brûlées et les agneaux de Pâques grillés. Je lui demandais souvent de me lire et de me relire des images et des mots qui étaient très proches de ma façon de penser, par allégories, comme m'avait expliqué le professeur, mais qui ressemblaient davantage encore, et je lui avais dit, aux paroles des guérisseuses quand elles vont cueillir les bonnes herbes dans les prés qui s'inspirent d'histoires anciennes très semblables. » Chaque page de ce roman étonne par la qualité du texte, et les visions étonnantes et tranchantes de la narratrice. Elle décrit son évolution, et ce monde crépusculaire, qui tache de se protéger , vivant comme ces demi dieux qui partagent avec la société des hommes bien des défauts. Le temps des hommes parfois ne semble pas exister pour cette étrange tribu.Le professeur, apprend on, est juif.. Le voilà au volant, scandant des vers de Virgile. Avec sa fille Ada, et Ione, ils vont se réfugier dans une des ces vastes demeures de famille, ressemblant à un palais. Une longue route de villégiatures étranges, où ils sont admis par des vieux amis, visitant des temples perdus dans la nature, avant de repartir le lendemain. « Pendant tout le voyage, le sacré fut partout. Accroché aux crevasses de la terre Sicilienne, au silence des chèvres, dans tout, jusque dans le salut des bergers qui à notre vue, arrêtaient de jouer du pipeau, et ôtaient leur chapeau, et qui poursuivaient leur chemin un peu plus lentement, pour nous faire un brin de conduite. » « Quand notre voiture arriva à la grille, les jumelles et Don Ciccio vinrent l'ouvrir, presque comme s'ils nous avaient attendu là depuis le jour du départ, et tout fut une répétition de la fête de notre première arrivée à Torrevaca.. » Mais il n'y a pas d'ïle ! Les échos furieux du monde, parviennent tout de même par les interstices des volets mis en espagnolettes. Cela peut être par exemple un coup de téléphone d'Anna, vivant à Monaco. Elle leur apprend, paniquée, qu'Hitler a été élu chancelier. La folie aurait elle raison du monde ? Le professeur raisonne Ione, la tranquillise, rappelle les fondements de la culture, toujours, qu'elle que soit ses interrogations et ses colères. « Non Ione, il faut toujours croire qu'on peut comprendre. C'est un devoir que de comprendre, de discuter, de raisonner. Il faut toujours avoir foi en la parole. Toujours. Car autrement rien n'a de sens. Et tout ne serait qu'injustice, jungle...La moralité consiste à construire cette espérance et à faire des mots la limite raisonnable de la vie en société, mais pas un exil...pas un pouvoir » « Oh, pourquoi ne lui avais-je pas tordu la tête, pour qu'il regarde le gouffre qu'était cette même histoire : Remplie d'esclaves et e chennina empalées, et d'ongles longs comme des valves de mollusques et des aiguilles, et de trousseaux de jumelles trempés d'urine et de fumier. » « Au sein de la tragédie, Ione garde son désir d'ordre et de lumière, et préserve un amour, qui englobe les êtres et la nature, dont elle connaît les pouvoirs secrets. Livre rare, bouleversant, et sensible » Nous dit l'envers de couverture, avec justesse. Une ode à la culture, aux valeurs humaines de tempérance, à la bonté et à la grâce, face à la barbarie, dirais-je, pour ma part. C'est dire que ce livre est précieux, et très actuel.
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